Bien malin qui saurait raconter l'histoire d'Ackenan d'Ezkanya. Homme de l'ombre, c'est sa nature même d'être insaisissable, aussi les récits les plus variés relatent son ascension et sa réussite, chacun plus abracadabrantesque que l'autre. Cela sans omettre que le sujet même de ces fables prend un malin plaisir à brouiller les pistes, racontant certaines de ses aventures tout en y altérant les faits au point de rendre parfois celles-ci contradictoires. Parmi toutes ces fanfaronnades il existe cependant quelques éléments qui semblent dignes de foi, cependant, une seule et unique chose est sûre, toute bonne histoire ezkanienne contient un aveugle et une, et plus souvent plusieurs, dames de petite vertu.
La jeunesse d'Ackenan et son arrivée en Ezkanya est certainement ce que l'on connait le moins, mercenaire en rupture de ban, bourgeois en maraude... Rien n'est sûr, l'on s'accorde cependant le plus souvent sur le fait qu'il ne soit pas originaires des cités ezkanyennes. Bien vite il se fit remarquer, dans quelques bagarres d'auberges et filouteries. Cela eut resté sans conséquence, s'il n'eut déjà, selon la légende, une passion pour les demoiselles peu farouche.
Si ses menus larcins lui permettaient une galante compagnie aussi régulière qu'il lui plaisait, il lorgnait cependant sur la courtisane alors la plus en vue de la cité, naturellement femme d'une grande beauté et d'une non moins grande expertise, cérunéenne selon certaines rumeurs. Cependant l'on s'en doute si quelques attentions et pièces d'or pouvait acheter le sourire de quelques mignonnes il n'en était pas de même de la belle... Espérant après elle, Ackenan s'enhardit, volant quelques nobliaux, ce qui, non content d'attirer l'attention de la garde locale, capta également celle de la guilde des ombres ezkanyenne.
Il serait long et fastidieux de relater comment à force de larcin et de discrédit sur ses adversaires Ackenan parvint à se hisser aux plus hauts échelons de la guilde, il devint cependant le second de celle-ci, puis finalement, après un malencontreux accident d'escalier coutant la vie à leur dirigeant, il finit Maître de la guilde des ombres ezkanyennes.
Notre histoire touche déjà presque à sa fin, les dames de petite vertu y sont, et l'aveugle me direz-vous ? Il se trouve que le défunt dirigeant souffrait de cécité. Questionné à ce sujet Ackenan avait alors répondu avec bonhomie « Qui n'a jamais poussé un aveugle dans les escaliers ? »...
Utilisant l'argent de ses activités souterraines, il s'attela dés lors à se donner une image de respectabilité, s'offrant l'un des manoirs les plus luxueux des villes et, fort d'une grande richesse et de sombres secrets, il parvint à s'imposer aux familles marchandes ezkanyennes à la tête des cités. Bien que son influence, sa richesse et sa nouvelle élégance lui permettent d'obtenir aisément les faveurs de bon nombre de demoiselles, et les malédictions de bons pères de famille, il n'en garde pas moins une affection toute particulière pour les filles de joie, sans qui, il faut le dire il n'aurait fait tout ce chemin.
Et la belle cérunéenne ? Plus belle et experte que jamais sous les parures offertes, elle n'est jamais très loin de son amant. Orfange en soit loué elle n'est pas jalouse pour deux sous !
Sujet: Dans l'ombre de l'ombre 
Mar 11 Aoû - 15:22