Dislar, Roi de Her-Istul et Nain de grande taille.

Messages : 27 Date d'inscription : 08/08/2009

Une ombre ovale apparut lentement sur les remparts de la Forteresse du Sanctuaire du Calice. Plusieurs badauds des environs levaient la tête et écaquillaient les yeux, avant de prendre la fuite ou simplement de rester intrigués. Seuls quelques gens à l'air savants ou voyageurs furent simplement surpris en continuant leur chemin.
On pouvait maintenant apercevoir au ras de la place devant la Forteresse, un petit dirigeable qui s'arrêta. Il semblait fait de peaux de Trolls, laborieusement façonnées entre elles de façon à former un ballon de taille considérable. Une cabine en bois rustique pendait sous celui-ci, qui heurta non sans bruit le sol pavé de la place. La porte sur le côté de la cabine s'ouvrit violemment et deux Nains furent éjectés dans un bruit de ferraille, ainsi qu'un Gobelin, qui couina à l'impact.

L'un des Nains, le plus petit des deux, se releva péniblement et épousseta son armure, tandis que ses deux compagnons s'aidaient à se relever en râlant.

- Il reste encore des choses à revoir sur ce prototype ! Je plains les autres clients de ce Gnome à qui il aurait vendu ces trucs-là.. Le Rayon de Garlox qui est utilisé pour la projection de la cabine a dû brûler plusieurs maisons des environs impériaux, j'ai entendu dire qu'il avait fait des affaires avec un Général des armées de l'empereur.
M'enfin, on verra ça une autre fois, peut-être lorsqu'il faudra reprendre le chemin.

Il fit signe d'un ton impatient au Gardien du Roc de le suivre, et ordonna au Gobelin grincheux de rejoindre la cabine voir si le pilote Gnome était encore en état de déplacer le dirigeable.

Dislar entama donc la marche vers la porte, suivi de près par son compatriote. Arrivant devant la porte à double battants, il s'arrêta un instant pour la regarder, attiré par le style particulier des ornements gravés. Il posta l'autre Nain à l'entrée de la porte, près du mur, sachant très bien qu'il allait s'assoupir dès qu'il aurait le dos tourné. Le Roi de Her-Istul poussa donc les deux battants et entra dans un hall sobre qui lui soutira un air intéressé. Il parcourut le couloir en observant les murs alentours, tout en remarquant le bureau en face de lui, plus loin.
Un homme était assis sur une chaise, un regard froid fixant la petite taille du Nain qui s'avançait l'air déterminé. Ce dernier continua de marcher jusqu'à pratiquement coller la table devant lui, le bois du support arrivant aux épaules de Dislar. Il éleva alors la voix en tentant de la rendre imposante.

- Biiien le bonjour mon ami ! Je me prénomme Dislar septième du nom, et suis Nain de grande taille, Roi du royaume montagneux de Her-Istul. Je suis venu dans le but de concrétiser l'aide que j'ai offert à l'assemblée du Calice, par missive à Halinna, il y a de cela une petite semaine. Bien que ce soit à la base pour apporter mon assistance pendant la guerre que vous meniez contre les Pirates Mutants, le temps a défilé trop vite et voila que vous avez vaincu avant même que je ne pose le pied sur cette place - où les pavés sont extrêmement bien entretenus, je vous donne ma parole de Nain - et que je vienne me présenter. Mais je suis tout de même venu dans un souci de protection de mes convictions.
M'enfin, m'enfin, il semblerait que je m'égare, et je ne vous ait pas laissé articuler la moindre syllabe depuis que je suis arrivé.
Pourriez-vous donc m'indiquer où je pourrais rencontrer une personne qui pourrait m'être utile?

Le Roi de Her-Istul se campa un bras sur sa hache, qu'il venait de détacher de son dos pour se donner plus de valeur, et une main sur sa barbe qui lui arrivait au bas du ventre, un air interrogateur qui aurait pu être amusant si le Nain ne cherchait pas tant à impressionner. Il était clair qu'il complexait sur le fait qu'il était plus petit que la majorité des autres Nains et qu'il cherchait à compenser cette disgrâce naturelle par tous les moyens possibles, le rendant parfois loufoque.

Tire-Laine du Calice Messages : 149 Date d'inscription : 01/01/2009

Ackenan observait son trésor, une tourte qu'il venait de chaparder aux cuisines du château. C'est alors qu'il ramenait sa proie en son antre, ou l'attendait une charmante donzelle dégottée dans une taverne quelques heures plus tôt, qu'il vit le spectacle du ballon. Bien étrange était la scène. Cela décida le Maître-voleur à en apprendre plus sur ces gens venus d'ailleurs. Pressant le pas, et manquant à plusieurs reprises d'y perdre sa tourte, il arriva juste à temps pour entendre la déclaration du nain. Celui-ci finissant de se présenté à l'obscure fonctionnaire, Ackenan se décida à entrer en scène à son tour sans se départir de son bien. Il émergea alors de derrière une colonnade.

Roi Dislar de Her-Istul, permettez moi de vous souhaiter la bienvenue en notre bonne place !
Je suis Ackenan d'Ezkanya, membre éminent et respecté, surtout éminent en fait, du Calice de Jaspe.
Il est bon de voir que des gens de valeur suivent nos combats et nous soutiennent, soyez sûr que nous étudierons votre proposition avec la plus grande attention. On a jamais de bras en trop quand il s'agit de repousser les hordes sauvages. Il est vrai que la dernière guerre vient de se clore mais je ne doute pas qu'il nous en reste d'autres à livrer.

Se détournant de son invité, d'un geste de sa tourte, Ackenan interpella alors un page qui passait par là :

Hep toi, là ! Va t'en dire au chancelier Koveras que nous avons une charmante ambassadrice humaine courtement vêtue et bigrement peu farouche !

Le Maître-voleur reporta alors son attention sur le seigneur nain. C'est à cet instant qu'il réalisa la taille modeste du nain. Un nain, c'est déjà petit, mais lui disait être grand ! Par la barbe peut être ? Ackenan faillit faire un bon mot de ses observations toutefois il n'était pas sûr que l'hôte apprécie et on le lui reprocherais sûrement. Il préféra donc sagement s'abstenir à ce sujet.

J'espère que vous n'en prendrez pas offense, c'est juste que notre bon chancelier a ses goûts et qu'il traite plus ou moins rapidement les demandes suivant les cas. Là en l'occurrence je crois vous faire gagner pas mal de temps...
En ce qui me concerne c'est toujours un plaisir de recevoir des nains, y a t'il un peuple plus franc que ce soit dans son amitié ou dans ses beuveries ? Enfin là je fais une digression, p'têt ben que dame Halinna se déplacera pour vous recevoir, en général elle est très occupée, mais il lui plait assez de se changer les idées en recevant des hôtes de marque... Vous la reconnaîtrez facilement, une grande Dame brune au noble port, mais le moyen le plus sûr c'est que si je suis dans le coin elle trouvera tout un tas de reproche à me faire...

Après avoir fait mine de discuter on ne peut plus calmement, l'homme se pencha alors à l'oreille du seigneur nain.

N'ayez l'air de rien monseigneur, mais je crois qu'un de ces satanés gobelins vous a suivi tout à l'heure, ne vous retournez pas je me fais fort de m'en occuper...

Associant le geste à la parole, il fit mine de soupeser sa tourte tout en regardant au dehors par les portes restées ouvertes...

Messages : 27 Date d'inscription : 08/08/2009

Le Nain venait de terminer son discours que déjà une personne élevait sa voix dans la salle. Il se retourna en piétinant d'un air intrigué, et afficha un sourire fatigué quand l'Homme lui souhaita la bienvenue. Il l'écouta et lorsque Ackenan envoya un page chercher un certain Koveras, il ria de bon coeur à la plaisanterie, imaginant la tête que pourrait faire la victime en voyant sa personne.

Quand l'homme se pencha pour lui parler à l'oreille et finit sa phrase, Dislar réagit en regardant par dessus son épaule d'une façon fort peu discrète, et vit alors Nakhra, le Gobelin qu'il avait embauché il y a quelques mois en tant qu'éclaireur, qui tentait de se cacher à l'entrée de la muraille. Dislar se retourna entièrement et hurla à l'intention du Gobelin.

- Nakhra ! T'as intérêt à retourner directement coucouche-panier dans le dirigeable avant de prendre un coup de hache dans les dents !

Dislar regarda le Gobelin chétif sursauter et se faufiler entre les deux battants en couinant comme si un Troll lui courrait après. Il se tourna enfin vers Ackenan et s'excusa de l'attitude de la créature.

- Il faut pas s'en faire, c'est souvent que ses origines reprennent le dessus, et ça arrive même dans les mauvais moments. Avec un peu de tendresse il comprend !
Oh et à propos de votre ruse pour attirer votre chancelier, pas de problèmes, les Nains et particulièrement moi avons de l'humour ! Et je dois avouer que j'ai aussi tendance à privilégier certaines relations à d'autres... Héhé. Sinon, je retiens votre description de Dame Halinna, cela pourra m'être utile si j'ai la chance de l'apercevoir.
Et sinon, pensez-vous que Koveras viendra directement après avoir entendu ma description de ce cher page?

Dislar jeta un dernier coup d'oeil en direction de l'entrée de la Forteresse et s'enquit de continuer à scruter de son regard attentif chaque détail de la salle.

Le Héraut du Calice vivait de nouveau. Son humeur- depuis longtemps assombrie- était de nouveau joyeuse et sans nuage. Peut importe les nouvelles rumeurs de guerre. Il était Koveras de Galathorn, serviteur du Calice, et il ne craignait plus rien. C'est donc avec un entrain renouvelé qu'il avait repris sa tâche. Ses corbeaux portaient sans relâche des missives aux quatre coins de Kalamaï tandis que ses scribes rédigeaient nombre de rapports. Il chevauchait ses terres pour restaurer tel fort, inspecter telle ou telle garnison ou rendre la justice.
Or, il advint qu'un page à la mine fraîche et aux cheveux roux vint le chercher. Il semblait gêner de sa tâche, et encore novice. Il signifia à Koveras qu'Ackenan le mandait, et qu'"une charmante ambassadrice humaine courtement vêtue et bigrement peu farouche" désirait être reçue. Koveras sourit à cette nouvelle. Ackenan appréciait la vue du beau sexe, tout comme lui. Le seigneur de Galathorn savait qu'on faisait circuler des rumeurs assez saugrenues sur son compte, mais il n'avait jamais estimé devoir prendre la peine de s'en préoccuper. Il se rendit donc au devant de leur invité, apparemment si aguichante.
La tenue noire et argent de Koveras était sublimé par sa prestance naturelle et sa fine chevelure. Plus que jamais auparavant, il paraissait être quelque resplendissant seigneur d'entre deux âges, encore vigoureux et au mieux de son allure. Toutefois, Koveras s'interrogea en observant l'étrange appareil posé aux abords du sanctuaire. C'est d'un pas rapide qu'il vint au devant d'Ackenan, ce bouffon si sournois, et...d'un nain.
Le Héraut du Calice sourcilla, après une brève salutation de la tête :

Salut à toi compagnon!
Tu m'as fait mander pour accueillir quelque fraîche personne qui avait besoin de moi? Je pensais que tu aurais pris sur toi de l'accueillir, fieffé coquin. Depuis quand es-tu partageur?
Le sourire du héraut indiquait qu'il était d'humeur à plaisanter.
Et cela valait mieux, car un sourire similaire d'Ackenan et un rapide coup d'œil vers le nain présent à leurs côtés fit prestement comprendre à Koveras la réalité de la perfide annonce du voleur. Ceux qui connaissaient bien Koveras auraient pu voir passer un éclair de déception dans son regard, aussitôt effacé par la flamme inquisitrice du héraut du Calice jaugeant un nouvel arrivé :

MMmm...
Il semble que vous soyez l'hôte dont on m'a signifié la venue.
Je suis Koveras, seigneur de Galathorn, Héraut du Calice au service d'Halinna de Cérune. Au nom du Calice de Jaspe je vous souhaite la bienvenue entre ces murs. Il semble qu'à l'instar d'autres seigneurs, vous ayez entendu l'appel du Calice, et que votre hache doive bientôt frapper ses ennemis.
Je me trompe? Si tel est le cas sachez que le service du Calice requiert davantage que le simple maniement de la hache et du piolet. Votre genoux est-il véritablement prêt à ployer devant la puissance du Calice de Jaspe?

Messages : 27 Date d'inscription : 08/08/2009

Le Roi de Her-Istul aux côtés d'Ackenan avait regardé sans parler Koveras approcher. Il s'esclaffa légèrement lorsque ce dernier aborda le sujet de la ruse du Voleur, et redevint plus sérieux quand le Héraut du Calice lui adressa directement la parole. Après que Koveras lui ait posé sa question, Dislar lui répondit en prenant au sérieux l'échange.

- Ma hache est toujours prête à servir les convictions de celui qui la tient. Sachez pour votre part que les Nains, malgré les apparences, peuvent utiliser autre chose que leur arme, comme par exemple leur intelligence. J'entends par cela qu'il est pour moi évident que rejoindre une assemblée n'est pas seulement un engagement militaire.
Pour le fait de mettre le genou à terre devant le Calice, physiquement je ne pense pas que ce soit nécessaire, en tenant compte du fait que ma taille s'avoisine étrangement de celle de l'herbe dans un champ qui vient d'être fauchée. Mais bien entendu, si l'allusion était purement symbolique, ce que je pense, je suis prêt à me donner corps et âme à l'assemblée du Calice et à ses objectifs.

Une agitation croissante se faisait sentir dans la Forteresse, non seulement par les élévations de voix et les personnes de plus en plus nombreuses dans les couloirs, mais aussi par des bruits de métaux.

- Il semblerait que l'activité militaire soit de recrudescence ici...

Grand Jardinier du Calice Messages : 143 Date d'inscription : 22/12/2008

C'est alors qu'au milieu des ordres et des chants de départ en guerre , des milliers de soldats passés ici et là.
Certain aux apparences de humaines au insignes de galathorn, d'autres aux couleurs froides et marqué du sceau
de la régent Halinna. Quand soudain surgit au milieu de ceci une centaine de dryade avec à leur tête un Druide
marchant à quatre pattes à la peau verte et à la cape faites de feuille .
Il s'arrêta reconnaissant Ackenan et Koveras.

Bonjour , chère ami , je m'en allait chercher quelques troupes dans la fôret afin de guerroyer.

Se retournant alors vers le nain.

Bonjour nous n'avons pas l'honneur de nous connaître, je suis Gradeaniar , seigneur Ancien des forêts.

Puis comme si les choses était naturels , ces troupes s'arrêtèrent derrière lui avec un laxisme montrant
qu'aucun code militaire réel n'existe dans l'armée de Gradeaniar mais plutôt une osmose parfaite
entre le protecteur et les créatures de Dame nature.

Messages : 27 Date d'inscription : 08/08/2009

La cohorte de Dryades et l'Ancien qui les dirigeait attira rapidement l'attention du Nain, qui s'illumina à la vue de l'être. Il ne voyait pas souvent d'Anciens, mais un Ancien avec une telle coordination avec la Nature encore moins.
Lorsqu'il se présenta, Dislar lui répondit avec entrain.

- Enchanté, Vénérable Gradeaniar ! Je suis Dislar, Roi des terres de Her-Istul. Je ne suis pas au courant des dernières actualités de Kalamai, sachant que j'ai voyagé par les airs et n'ai reçu aucune missive informative. Contre qui êtes-vous entrés en guerre?

Quelques minutes s’étaient écoulées depuis le passage de la troupe, les seigneurs entretenaient alors une conversations somme toute banale, le chuchotement de l’écho de celle-ci sur les dalles de marbres d’un couloir parallèle retint l’attention de la reine. Intriguée par les accents d’une voix particulièrement grave, elle prit le parti de s’enquérir de son propriétaire. Après, avoir épousseté sa robe de lin opaline, elle poussa le battant de la porte, levant le mystère sur l’origine de la voix et l’identité des chuchoteurs. Elle s’approcha, un sourire satisfait.

Bien le bonjour à vous messeigneurs !

Tout en s’avançant elle esquissa une révérence à leur attention.

Ackenan, Koveras et notre bon druide Gradeaniar, je suis fort aise de vous voir, j’ose espérer que ce conciliabule impromptu n’a pas pour objet quelques obscures machinations. Il me peinerait autant de raccourcir certains d’entre vous qu’il me plairait de le faire à d’autres.

Elle s’en retourna alors vers le seigneur nain, il avait, il fallait bien l’admettre, toutes les apparences de sa race, la robustesse, le timbre de voix, la barbe et surtout la taille…

Et je vois que nous avons le plaisir de recevoir ici, parmi nous, un fier membre du peuple nain. Je suppose que c’est à vous, sieur, que nous devons cette arrivée si spectaculaire qu’on est venu me conter il y a quelques minutes ? C’est là un moyen de transport original dont vous disposez, il nous faut le reconnaître, j’avoue que j’ignorais tout de l’existence de ce genre de chose. Est-ce là de la magie, ou bien une œuvre d’ingénierie de vos terres ?

La jeune reine éprouva un certain malaise les premiers instants ou elle s’intéressa à ce nouvel interlocuteur. Certes, quelque artifice lui permettait de paraîtrait plus grande, toutefois force était de reconnaître que le seigneur nain semblait de taille relativement modeste. Elle se refusa toutefois à lui faire l’affront, mais également à prendre le risque de se pencher un tant soit peu. Cela eut à coup sûr résulté en une malheureuse réaction chez quelque membre de l’auditoire. Aussi se garda t’elle d’une telle entreprise, préférant préserver une certaine distance avec son interlocuteur et n’incliner que légèrement du chef à destination de celui-ci. Cela suffirait à ne pas l’offenser tout en faisant abstraction de sa taille, du moins elle l’espérait.

Un châle de mousseline turquoise couvrait les épaules dénudées de la souveraine, contrastant avec sa chevelure d’ombre. Son bustier, opalin tout comme la robe, pailleté d’argent et surpiqué de ruban de soie marine, semblait vouloir la contrarier. Elle y posa sa main gauche sur son ventre tandis que de la droite elle réajusta vaguement sa robe. Quelque chose n’allait visiblement pas, toutefois elle n’aurait su dire quoi. Son regard se porta alors sur les seigneurs du Calice présents, comme à son habitude le druide arborait l’une de ses tenues pour le moins particulière dont il avait le secret. Ackenan lui ne semblait pas s’être particulièrement apprêté, il eut pu passer sans mal pour un voyageur égaré, signe, elle le savait, qu’il revenait de quelques menus larcins ou entourloupes urbaines. De tous, Koveras, était sans doute celui qui présentait le mieux, et de loin, du moins selon elle, toutefois la reine s’en garderait cependant d’en faire la moindre remarque. A vrai dire, l’élégance somme toute relativement sobre de sa tenue noire rehaussée d’argent, contrastait singulièrement avec le reste de l’assistance. Le nain quant à lui avait opté pour une tenue quelque peu plus pratique ou du moins plus conforme aux usages de sa race.

Hum ! Je vois qu’aucun de ces valeureux seigneurs n’a l’obligeance de me présenter.

Elle affichait un sourire satisfait, sa curiosité l’avait emporté sur l’usage, toutefois elle avait l’occasion de corriger l’incident sans mal, aucun n’ayant réagit.

Je suppose que vous devez vous en douter, naturellement, je suis dame Halinna de Cérune. Vous êtes bien évidemment le bienvenu en nos terres, les amis du Calice peuvent toujours compter sur notre hospitalité.

La cérunéenne héla l’une de ses dames qu’elle avait laissé sur le pallier et lui enjoignit d’aller quérir quelques rafraîchissements. C’est alors, en se retournant, qu’elle remarqua que Ackenan tenait en son dos une arme pour le moins étrange, une tourte…

Tire-Laine du Calice Messages : 149 Date d'inscription : 01/01/2009

Une fois n’est pas coutume, Ackenan avait été prit au dépourvu. Il essayait tant bien que mal de cacher son butin dans son dos, et plutôt mal que bien à en juger par le regard désabusé que jetait la souveraine à travers lui. Le maître-voleur n’ignorait pas la complainte des cuisiniers qui perdaient régulièrement mets et servantes. Les doléances des marmitons semblaient être remontées jusqu'à l’intendance à en juger par la poignée de gardes postés ça et là. Ce n’était toutefois rien de suffisant pour désappointer un maraudeur de son ordre. Persister à cacher son butin dans son dos n’eut été rien tant que ridicule, point que cela l’eut dérangé cependant. L’air de rien, il reprit le plat par devant lui. Encore fumante, celle-ci exhalait un parfum de cuisson pour le moins alléchant. Tenant celle-ci d’une main, de l’autre il saisit sa dague. Sans plus de cérémonie il entreprit alors de se couper méticuleusement une tranche de son butin.

Dame Halinna, c’est toujours un plaisir de vous voir. Il est vrai que notre invité utilise un appareil bien étrange.

La Dame de Cérune semblait, cette fois encore, vouloir paraître sous un jour plus élégant qu’elle ne l’avait fait aux premiers temps de l’assemblée des seigneurs du Calice. L’ezkanyen ne pouvait que s’en féliciter, sa robe bien qu’encore trop sage à son goût, mettait incomparablement mieux en valeur sa personne que ne le faisaient ses lourds et pesants atours passés. Il en afficha un sourire approbateur

Mais aussi extraordinaire que soit l’invention de notre hôte nain, votre beauté saurait sans mal rabaisser celle-ci au rang d’une banalité affligeante dans l’esprit de toute personne que les dieux ont jugés bon d’en doter ! J’avoue personnellement être infiniment plus sensible à votre grâce qu’a cette chose bedonnante !

Il adressa un sourire entendu au seigneur nain afin que celui-ci ne prenne pas ombrage de ses propos. Il jeta un bref coup d’œil au chancelier du Calice, satisfait de s’être répandu en flatteries avant celui-ci.

A vrai dire il avait parlé sans réfléchir, s’il appréciait sincèrement les changements intervenus dans les atours royaux, rester sur une aussi bonne note le chagrinait.

Qu’il est amusant de constater que, alors même que je fais annoncer l’arrivée d’une jeune ambassadrice belle et … Ahem… peu farouche, je vois dans les minutes qui suivent accourir notre bon chancelier.

Il afficha une mine satisfaite.

Mais quel homme digne de ce nom saurait l’en blâmer ? J’avoue moi même un faible pour les donzelles en détresse qui entendent se délasser après un long voyage !

Quelques secondes plus tard et c’est notre bon druide, qui s’en vient, là j’avoue que je ne savais rien de ce penchant-là des anciens…

Mais vous, ma dame ! Vous voir accourir en pareils circonstances ? C’est tout ce qu’il y a de plus inattendu de votre part. Serait-ce là une facette de votre personnalité que nous venons de percer à jour ?

Affectant une gestuelle théâtrale.

Ah ! je comprends maintenant mieux la vanité de la cour que je vous fais chaque jours depuis notre rencontre ! Cette terrible révélation sur vos amants me terrasse !

Mettant fin à ses mimiques d’acteur de farce, Ackenan baissa la tête et dut se concentrer tant bien que mal sur sa tourte pour ne pas rire de sa propre bêtise. Bien vite cependant il releva la tête, un sourire grandement amusé aux lèvres. Plus que jamais il était sur ses gardes, la tourte ferait assurément un bouclier de choix, voir même un projectile savoureux si nécessaire, toutefois on n’en arriverait probablement pas jusque là. Il n’était cependant pas a l’abri d’un royal soufflet, qui il faut bien l’avouer serait mérité. Mimant la plus parfaite innocence après ces propos, il s’avisa de goûter un morceau de son plat, l’air de rien…

C’est d’un air dépité que la souveraine de Cérune secoua la tête. Ce fâcheux personnage ne gâcherait donc jamais une occasion de se faire remarquer par quelques malheureuses assertions. Que n’eut-elle été quelque spadassin prompt à la querelle pour lui envoyer virevolter sa tourte en pleine figure. Toutefois, ni son rang, et quand bien même elle l’aurait passé outre, ni sa tenue ne lui permettait de se fendre de pareil coup d’éclat sans risque.

Sa réaction eut été plus vive si elle avait cédé à son instinct, au lieu de quoi elle préféra se ressouvenir des propos antérieurs de l’ezkanyen. Il s’agissait certes de flatteries effrontées, mais au moins ces paroles avaient-elles le mérite d’être plus plaisantes à son oreille. Elle en eut presque rougi pour autant que le piège n’en eut pas été si évident et la compensation de ces gentilles paroles une aussi abracadabrantesque rétribution. Si dans un premier temps elle avait sourit à l’écoute du plaisantin lorsqu’il était question du chancelier Koveras, bien vite elle avait déchanté. En vérité elle n’ignorait pas les goûts prononcés du seigneur de Galathorn pour les belles ambassadrices, rarement dignitaire n’accomplissait avec autant de zèle son devoir, que lui en pareil cas. Toutefois qu’on lui prête, à elle, quelques amours saphiques voilà qui était plus inattendu…

Seigneur Ackenan, vous auriez pu vous satisfaire de vos compliments et nous épargner vos divagations.

Ne croyez pas qu’il me soit désagréable d’être le sujet de vos fantasmes, j’aurais même le bon cœur d’y trouver un aspect flatteur, surtout lorsque l’on sait que vous vous adonnez sans réserve à la luxure. Toutefois je vous prierais d’éviter de nous en faire part sans que l’on vous consulte à ce sujet. Serions-nous dans l’intimité que dans l’ivresse d’un instant de faiblesse je saurais éventuellement tolérer une telle privauté, mais en aucun cas au devant d’autres seigneurs.

Pour ce qui est de me faire la cour, seigneur, peut-être feriez-vous bien de vous y mettre sérieusement, s’il m’en resterait votre insupportable présence, au moins y gagnerais-je que vous vous efforceriez de m’être agréable.

Enfin s’il est une chose que présentement je désire c’est celle qui vous fasse taire.