Le Sanctuaire du Calice
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 L'origine d'un trouble [Oma]

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AuteurMessage
Oma
Plume du Calice (et libertin à ses heures)
Oma


Messages : 66
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MessageSujet: L'origine d'un trouble [Oma]   L'origine d'un trouble [Oma] Icon_minitimeDim 19 Juil - 19:17

Dans une petite pièce munie d'un bureau boisé, un homme s'amusait à se rappeler d'une couleur chatoyante ses terres natales et son histoire inconnue.

Guerre des millénaires, le siège imposé aux portes de la cité de Sentya s'était ravivé; Les soldats des terres voisines avaient une fois de plus provoqués la colère des dirigeants de Sentya. Les deux cités gouvernant leurs terres et contrées s'opposaient depuis le tronc d'un arbre généalogique des plus anciens. Une histoire de foi, encore, s'amusait à se disputer une partie de forêt riche en sève. Élément indispensable pour les sentyiens; le sang des bois aux terres d'automne protégeait l'enfant au sein de sa mère. En effet, plusieurs morts infantiles avaient décimées la jeunesse d'une cité prospère en ce temps; la guerre étant devenue ce que le souffle est à l'homme. Ce peuple espérait à croire que la faux reculait à la vue de ce liquide sur le ventre d'une mère, et le silence de plus en plus progressif sur ces morts prématurées semblaient le confirmer. Mais la réalité ne fût que la honte de l'échec de leur foie. Et un certain mutisme occultait une colère unanime.
Pour ce qui est des voisins de ce peuple se vieillissant, ils aspiraient à exploiter l'écorce pour une armée primitive aux yeux de Sentya.
Bien évidemment, l'épidémie infantile progressant toujours plus et les Oraciens de la cité Oracie connaissait la discipline de leurs soldats. Tyrannie d'à coté, l'enrôlement de la jeunesse pour la conquête des terres d'automne iraient bientôt rencontrer un ordre sanglant.
Plusieurs mois après avoir connu la victoire des batailles de la forêt, les Oraciens marchaient vers les portes d'une cité étalée au soleil à la descente d'une montagne. Une rivière appelée Ota parcourait les rues de la ville pour se jeter dans la mer non loin de là. Sept branches en delta de la rivière Ota avaient pris une couleur de flamme puisque l'étendue de la guerre l'empoisonnait de corps jetés par manque de place à la fausse commune.
Les bienveillants rois ne mirent pas longtemps à déclarer les terres dont Sentya en était la capitale comme occupées. Les portes avaient cédées et des armures munies d'épées marchaient sur les rues. Leurs noirs étendards invoquaient la fuite, leurs yeux droit vers le trône appréhendaient l'ingurgitation d'un monstre de fureur et les passants arrêtés aux cafés à la vue des bottes écrasant d'un pas grave et martelé les pavés de l'été voyaient avec terreur leurs vies être corrompues. Soumission, choix pris dans la faim d'une ère.
La science des Sentyiens se détourna de la recherche du confort pour se centrer sur une toute nouvelle cause. La science éclatait à la vue de tous aux abords des tours de chevaliers. La science embrassait aisément les plus grands chefs de la mort. La science mortuaire fût au cœur de tous. Les équipes de résistance se multipliaient de jours en jours; manuscrits aux murs, les plus chanceux surent leur haine se déclarer enfin. Mais le jour de la domination ne se présenterait jamais dans les visages apeurés des Oraciens, le petit peuple le savait; et pourtant, il persistait à la sauvegarde d'une valeur sûre.
Dans ce tumulte, plusieurs protagonistes s'affichaient cachés dans des appartements toujours changeant. Et d'un autre coté, certains recommençaient une vie oubliée parmi cet instant de paix terminée. Un homme continuait, à l'abri d'une mère arrache-cœur, à servir l'entendement de l'esprit. Gagnant sa vie aux cotés des livres, cet homme s'approvisionnait d'un bonheur de contentement.
Après des années loin du moment de la capitulation, le cadavre portant l'étendard des armées Oraciennes d'antan raviva son corps d'une flamme toute neuve. Des traits fins mais définis, des cheveux en bataille, des yeux toujours aussi verts mais parcouru d'une certaine noisette ne furent point inattentif à la venue d'une telle épée. Son épée était tenue par une main connaissant l'avarice des caresses; et le bouclier étonnait par sa franchise. Tout allât si vite que les caves accueillirent tout d'abord deux corps incandescents, puis ce furent les granges, les chambres et enfin un port vide fait de pierres... Comme partout. Chaque jour, à la même heure, se donnait à cœur joie deux êtres, ennemis de sang, à la rencontre d'un manque. L'attente de chaque nuit, chaque heure, envenimait les rêves d'un cauchemar de guerre pour mort à l'amour. Décidé sans langage, deux corps s'échangeaient au fond de l'humidité de l'intimité. Et la raison s'entendait à croire au désir comme simple philosophie. L'aboutissement de cet amour trouva sa faim au port dont le but était l'exil.
"Nous irons en Davière, mon amour, et là bas, nous nous aimerons."
Et puis, la mort frappa.
"A Sentya, les caves sont toujours froides. Et j'aurais eu froid si l'on s'était aimé. La ville s'étale le long d'un fleuve qu'on appelle Ota. Sentya, 20 millions d'habitants, bâti comme une capitale, un enfant peut en faire le tour, comme je l'ai fait. Je suis né à Sentya, j'ai grandi à Sentya. J'ai appris à lire à Sentya. Et c'est là que j'ai eu vingt ans.
Ota est un fleuve sans navigation aucune, à cause de son cours et de ses bancs de sables. Là-bas, Ota passe pour un fleuve très beau, à cause surtout de sa... lumière. Tellement douce.
Tu es mort, et.. comment supporter une telle douleur ?!
La cave est petite.... très petite. L'hymne passe au dessus de ma tête tandis que je suis emprisonné par ma trahison. L'on a réussi à reprendre la capitale. Les Oraciens sont morts...
Les résistants ont, malgré tout cela, repris espoir.
Les mains deviennent inutiles dans les caves. Elles grattent. Elles s'écorchent aux murs... à se faire saigner. ...c'est tout ce qu'on peut trouver à faire pour se faire du bien...et aussi pour se rappeler...
... J'aimais le sang depuis que j'avais goûté au tien.
La société me roule sur la tête. Au lieu du ciel... forcément... Je la vois marcher, cette société. Rapidement pendant la semaine. Le dimanche, lentement. Elle ne sait pas que je suis dans la cave. On me fait passer pour mort, mort loin de Sentya. Par ce que je suis déshonoré, ma mère préfère.
La cave pourquoi ? : Un jour je crie, tu es mort mais je t'appelle quand même. Je crie très fort comme un sourd. Je crie ton nom Oracien. C'est alors qu'on me met dans la cave. Pour me punir. Je n'ai plus qu'une seule mémoire, celle de ton nom.
Je promet de ne plus crier alors on me remontre dans ma chambre. Je n'en peux plus d'avoir envie de toi.
J'ai peur, partout, dans la cave, dans la chambre; de ne plus te revoir, jamais, jamais.

Un jour, j'ai vingt ans. Ma mère vient dans la cave et me dit que j'ai vingt ans. Je crache à son visage maternel.
L'éternité. Après je ne sais plus rien. Ah ! Que j'ai été jeune un jour.

Quelle douleur. Quelle douleur au cœur c'est fou.... On chante l'hymne dans toute la ville. Le jour tombe. Mon amour mort est ennemi de Sentya. Mais un jour, je sors de l'éternité. C'est long, on m'a dit que c'était long. A six heures du soir, la cathédrale sainte sonne. Été comme hiver. Un jour, il est vrai, je l'entends. Je me souviens l'avoir entendue avant, pendant que nous nous aimions, pendant notre bonheur.
Je commence à voir. Je me souviens avoir déjà vu, avant, pendant que nous nous aimions, pendant notre bonheur.
Je me souviens.
Je vois l'encre.
Je vois le jour.
Je vois ma vie. Ta mort.
Ma vie qui continue. Ta mort qui continue.
.... Je commence à t'oublier. Je tremble d'avoir oublié tant d'amour...
On devait se retrouver à midi sur le quai d'Ota. Je devais repartir avec.
Quand je suis arrivé à midi sur le quai d'Ota, mon exil n'était pas tout a fait mort.
Quelqu'un avait tiré d'un jardin.
Je suis resté près de son corps toute la journée et puis la nuit suivante. Le lendemain matin on est venu le ramasser et l'on mis dans un camion. Ce cadavre. C'est dans cette nuit là que Sentya a été libérée. Les cloches de la cathédrale sonnaient... sonnaient... Il est devenue froid peu à peu sous moi. Ah ! Qu'est ce que ce corps a été long à mourir ! Quand ? Je ne sais plus au juste. J'étais couché sur lui... oui... le moment de sa mort m'a échappé vraiment puisque... puisque même à ce moment-là, et même après, oui, même après, je peux dire que je n'arrivais pas à trouver la moindre différence entre ce corps mort et le mien... Je ne pouvais trouver entre ce corps et le mien que des ressemblances.. hurlantes.

Des années après, après la cave. Je deviens raisonnable. On dit : "Il devient raisonnable".
Une nuit, une fête, on me laisse sortir. C'est le bord d'Ota. C'est l'aurore. Des gens passent sur le pont de plus en plus nombreux. Au loin, ce n'est personne.
Ce n'est pas tellement après que ma mère m'annonce qu'il faut que je m'en aille, dans la nuit, vers d'autres pays. C'est l'été. Les nuits sont bonnes.

Je me souviens de toi.
Cette ville était faite à la taille de l'amour.
Tu étais fait à la taille de mon corps même.
Qui es-tu ?
Tu me tues.
J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir.
Depuis toujours.
Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus.
Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme.
Dévore moi. Déforme moi à ton image afin que personne, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir.
Nous allons rester seuls, mon amour.
La nuit ne vas pas finir.
Le jour ne se lèvera plus sur personne.
Jamais. Jamais plus. Enfin.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Nous pleurons le jour défunt avec conscience et bonne volonté.
Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt.
Du temps passera. Du temps seulement.
Et du temps va venir.
Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire.
Puis, il disparaîtra tout à fait.


L'homme, dans son bureau, arrivé à une folie de son récit, avait semblé parlé, seul, les yeux contemplant le néant. La plume avait appuyé sur le papier et la couleur de l'encre avait persisté à être ivre comme le plus beau des vins. Souvenir de l'oubli, son récit avait traversé sa voix pour ne plus s'écrire dans l'éternité.
Dans un silence d'encre, une dernière phrase sortir d'une bouche machinale et dont la voie fût larmoyante :

"Dans quelques années, quand je t'aurai oublié et que d'autres histoires comme celle-là, par la force encore de l'habitude, arriveront encore, je me souviendrai de toi comme de l'oubli de l'amour même. Je penserai à cette histoire comme à l'horreur de l'oubli. Je le sais déjà."
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