Les panaches de fumées, qui semblaient courir vers le ciel orangé d'un crépuscule sanglant, témoignaient des ravages de la guerre.
Sombres étaient les heures et ternes les âmes de ceux qui, sans cesse, chevauchaient d'un point à l'autre de leurs royaumes pour y secourir les défenses affaiblies.
La cité de Galathorn avait beaucoup souffert de l'entrée en guerre du Calice de Jaspe, et ses populations assaillies de toute part avaient reflué en masse à l'abri des murailles de la cité. Les familles entassées espéraient. Elles priaient les Dieux de les épargner, le Calice de les sauver, et Koveras de les protéger. Cependant, du seigneur Galathorn point de nouvelles. Ces fidèles maintenaient l'ordre en son nom et traquaient la moindre trace de complot ou traîtrise. On murmurait que le maître de la cité, délaissant ses troupes de toute manière éparses et repliées sur les quelques forts subsistant, chevauchaient sans cesse dans quelque mystérieuse quête. Cependant, il n'en était aucun pour imaginer qu'il avait fui. Koveras était homme à plier, mais non rompre.
C'est c'est homme que le sieur Ceredhylion vit l'accueillir. Toujours aussi grand et mince, le visage du chancelier semblait plus pâle que jamais. Sans doute la barbe naissante y était pour quelque chose. Les traits de son visage, plus marqués, avaient creusé ses yeux dont la couleur émeraude impressionnait encore davantage. Malgré ces signes de fatigue, l'homme souriait toujours sous ses plaques d'armure souillées par le sang et la boue.
Messire, quel dommage que nous n'ayons eu le plaisir de votre visite en des temps plus joyeux!
J'ai entendu parler de vous, en bien évidemment. Et je connais, pour vous avoir fait observer en d'autres lieux, vos liens avec l'Ordre. Aussi est-ce un grand plaisir d'entendre vos paroles.
En tant que chancelier du Calice, je vous souhaite donc la bienvenue au nom de notre Cercle et de la Détentrice Halinna de Cérune. Elle est actuellement fort occupée, mais je ne doute pas qu'elle goûte avec plaisir vos propos.
Ce que vous proposez, j'y agrée entièrement. J'ajouterai même que j'y vois là le germe possible d'un bloc d'alliances qui pourrait se révéler...fructueux à l'avenir.
La voix du chancelier était devenu un quasi murmure, et un léger voile passa dans son regard : il pensait à l'avenir.
Seigneur! Venez donc vous restaurer en attendant que les serviteurs du Calice viennent vous accueillir d'eux même et décide de la réponse qu'ils vous feront...