Le Sanctuaire du Calice
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Le Sanctuaire du Calice

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 Inconnu en ville

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Han/Xéénothée

Han/Xéénothée


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MessageSujet: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeMar 15 Déc - 21:48

Le crépuscule approche. Sur l'horizon flamboie une mince bande cuivrée, insupportable aux yeux. Un humanoïde d'environ un mètre soixante-dix, vêtu d'un long manteau vert sombre, s'avance seul vers la porte de la cité cérunéenne. Sa marche est régulière, son pas parfaitement cadencé. Il s'appuie sur un étrange bâton noir, plus noir que l'ébène. Son bras visible est d'un blancheur lunaire, mais n'a pas la pâleur du bras d'un cadavre. Son capuchon plonge son visage dans une zone d'ombre.
L'être, tout en marchant, observe tout ce qui l'entoure, comme s'il voulait graver les paysages sur sa rétine à tout jamais. Puis il arrive à la grande porte de Cérune, encore ouverte à cette heure de la journée. Le garde en poste le hèle cependant, intrigué par son aspect pour le moins inhabituel :

- Hé ! Vous, là ! Qui êtes-vous, que voulez-vous ?

L'être tourne lentement la tête vers le portier, tout en maintenant dans l'ombre son visage.

- Il m'étonnerais que mon nom vous dise quelque chose, garde, car nul à Cérune ne le connaît, excepté le seigneur Oma de Sentya, si je ne m'abuse, répond-il, d'une voix caverneuse, ou, plus précisement, d'une voix dont les échos se seraient répétés jusqu'à n'être plus qu'un grave soupir cependant bien audible. Peut-être lui-même n'en a-t-il pas encore pris connaissance. Pour ce que je veux, c'est bien simple. Je suis ici pour justement rencontrer maître Oma, et pour observer les moeurs de ce peuple, qui, il me semble, est célèbre pour sa reine, Halinna, je crois, détentrice d'un certain Calice de Jaspe, si mes sources sont fidèles. En résumé, vous pourrez dire que vous m'avez laissé passer en raison de mes objectifs pacifistes.

Le garde ferme les yeux, le temps d'assimiler ce que l'humanoïde à la voix et l'accoutrement fort étranges lui a dit. Lorsqu'il les rouvre, plus de signe de la cape verte et du bâton noir. L'humanoïde s'est volatilisé.

Et il parcourt à présent les rues de la cité, son bâton frappant sur les dalles. Sur son chemin s'écartent les badauds, surpris de voir un homme ainsi vêtu. Pour toutes réponses aux quolibets que lancent certains, l'étranger les regardent. Et cela suffit à les faire taire. Marchant près de la rigole aux eaux usées, symbole, entre d'autres, de l'astuce des habitants de Cérune, le mystérieux personnage part soudain sur le côté de la rue, et pénètre dans une auberge dont l'enseigne affiche un lepréchaun.
"Au Capuchon Vert", se nomme l'établissement.

L'être s'avance vers le comptoir, tenu par un gnome qui, en apercevant l'étranger, prend un air surpris.

- Ne gardez pas cette expression, petit être,[i] dit l'humanoïde dès qu'il est assez près de l'aubergiste.
Je ne suis pas ici pour attirer l'attention.

"Petit être" ! La surprise du gnome passa à la colère, qu'il ravala cependant fort vite.

- Fort bien, répond-il. Que puis-je pour votre service, étrange personnage à la voix venue des profondeurs des gouffres d'Argostole ?

L'homme en vert rit doucement, d'un rire évoquant les vaguelettes se retirant de la plage.

- Je crains de voir avoir offensé, gnome. J'espère que mon erreur sera vite oubliée. En fait, j'ai été attiré par votre nom d'auberge, et j'aurais besoin d'envoyer un message.

- De qui ? Pour qui ?

- De ma part pour le seigneur Oma, qui, je crois, passe fréquemment en ville.

- En effet. C'est un client fort aimable, bien que rare. Je crois savoir où se trouvent ses quartiers. Je peux demander à un de mes serviteurs d'aller porter votre message.

- Trop aimable, sire. Tenez, tout renseignement demandé doit être payé.

Accompagnant sa parole par ses gestes, l'homme en vert tire des profondeurs de son manteau trois pièces d'or pur, que l'aubergiste regarde, ébahi. Habituellement, il fournit des informations à l'oeil, et les services de son coursier pour une dizaine de sous de cuivre. Assurément, l'étranger n'a aucune notion du coût. Mais le gnome se garde bien de le lui dire et s'empare des pièces.

- Allez aux cuisines et demandez Harald. Donnez lui votre message et dites lui que c'est moi qui vous envoie.

- Qu'il en soit ainsi. Que vos jours prochains soient bénis, aubergiste.

L'étranger se dirige vers les cuisines et demande Harald à un halfelin qui remue le contenu d'une marmite. Bientôt, un elfe élancé arrive.

- Etes-vous Harald ?

- Je pense bien que oui, hormis si mon nom a été changé dernièrement.

- L'aubergiste m'envoie, et vous demande d'apporter cette missive au seigneur Oma. Si vous la lisez, vous serez puni, je peux vous en assurer.

L'homme en vert tend un parchemin scellé sur lequel était écrit :

Sire Oma de Sentya - Cérune, Thassopole

L'elfe la prend et sort. L'humanoïde, pour sa part, se remémore le contenu de sa missive, dans la moindre exactitude, tout en allant s'asseoir à une table de la grande salle.

Citation :
Sire Oma de Sentya,
La missive de mon prédecesseur vous a surement parlé de moi.
Retrouvez moi à l'auberge du "Capuchon Vert", car j'ai fort envie de rencontrer un homme tel que vous, dont Han a tant fait l'éloge vers ses derniers jours.

Puissiez vous répondre promptement,

Xéénothée, seigneur d'Omorphekoorèh (anciennement Enithar).
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeMer 16 Déc - 21:12

Alors les portes s'ouvrent. C'est effrayant comme le ton de la ville est différent à la luxure des murs de velours royaux.

Il pleut. Sur les marches de l'escalier âcre, Oma revête une cape pour sa capuche. Pour une fois, l'on évitera les gouttes d'eaux; faudrait pas ressembler à un gueux des égouts face à ce Xéénothée. Il fait bien sombre ce soir, c'est l'hiver cassant. Les rares personnes dans la citadelle courent aux auberges, aux foyers familiaux, aux églises nobles. On commence la marche, vers ce "Capuchon Vert". Les pas tallonés écrase l'eau des pavés rocheux. La pierre sous l'eau prend une toute autre couleur, bien plus sombre, bien plus charmante, plus lisse, plus construite. On entend à sa droite un écoulement, un ruisseau... les égouts extérieurs qui défilent, se répandent dans toute la ville de pierre chaude à la même vitesse qu'une épidémie cholérique.
Les lampions illuminent les quelques rues, places noyées d'un silence de pluie qui tombe, s'affale.

Très vite, ses doigts sont comme brisés, ainsi que ses oreilles. Le froid glace, casse, c'est insoutenable, littéralement, comme l'impression de démembrements, la gangreneuse lente agonie des rues clochardes, s'emparant de plus en plus de matière du corps.
On tourne sur une rue sombre, étroite, gênante. Une lumière verte s'affiche au fond, se reflète dans certaines flaques. Cette rue sent l'égout, le ravin du pourri; ça enchante d'autant plus la sensibilité d'Oma.

Des rires, des débats d'hommes, des jérémiades de mélancolique buveurs s'échappent d'une sourde voix commune de la salle des carreaux embués. La chaleur humaine règne au café, ça s'appréhende d'ici. On se prépare à s'engouffrer dans le capharnaüm étouffant, tout en préparant un visage à être bombardés de regards indiscrets. On enfourche la poignée dorée, quelque peu rouillée, la porte se pousse trop aisément, s'en est intimidant. Le palier franchit, le "clac" de la brise réveille l'assemblée affalée au bar, à quelque mètres de là; elle en profite pour remettre de plus belle la conférence qui s'élève très vite au rang de dispute de député digne de ce nom. De droite à gauche du comptoir, ces 5 sénateurs qui contrôlent un monde refait en cette soirée grâce au fond de leur verre alcoolisé, rappelle à Oma la tendre et rauque voix d'un homme à l'haleine souvent ivre de sentiments débonnaires.

Un type essuie à l'épluchure avec un torchon un plateau de bois derrière les lavabos de bière. Cet homme mécanique fait signe à Oma d'un coup d'œil, porté vers un coin jauni, sur une carpette au velours bordeaux, où se tient un homme imposant qui aspire à présent les quelques goutes des parois d'une chope. Oma s'est fait attendre; il est en retard.
Malgré cela, il s'affiche, s'assoie sans politesse devant l'être en question.

En réalité, il n'est pas si infernal que ça. Ses traits sont fins, tirés certes, mais de musculature. Il n'est pas tout a fait habillé comme il le faudrait. Une cape verte, ornée d'une capuche, lui dessine de larges épaules. Ses lèvres, car il faut le dire on ne peut voir que cela de son visage sous l'ombre de la cape, sont fermes, droites, sans distinctions aucunes. Le menton n'a aucun défaut, il est simplement imberbe, tout comme son torse qu'Oma ne regarde que gêné d'un regard rapide d'insistance. Deux gants étaient déposés au rebord de la table de bois rêche, ils sont verts, comme presque tout chez lui. Il doit aimer cette couleur, c'est un bon point. Oma contemple avec art la main droite qui caresse le verre de la chope, la paume est travaillée de traits en disant beaucoup sur le passé; pour le reste, elle est comme poussiéreuse, sèche à la manière d'un boulanger maniant la farine de son pain.
C'est à ce corps qu'il allait devoir dorénavant s'adresser d'une façon qu'il espérait non sans correspondance. Une pensée huileuse lui était venue à l'esprit, mais il refoula très vite ce libertin inapproprié dans l'étouffement. Ce n'était pas le sujet de sa venue, pour une fois, à ce bar, en cette nuit qui ne demandait que de la chaleur hivernale.

C'est intimidé que l'on commença à négocier la discussion amicale :


-He bien, vous m'avez demandé : me voilà. Avec un peu de retard, mais je suis tout présent. Han m'a parlé de vous, et je tiens fortement à lui être fidèle dans son inexistence totale de nos jours... Je vous ai pourtant cherché, je vous le confie, mais rien, aucune archive ne mentionnait votre nom. Il faut dire que les archives de Galathorn ne comporte que la citadelle... Question de propagande. Bref...


Dernière édition par Oma le Mer 23 Déc - 5:16, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeVen 18 Déc - 21:58

- Ah, seigneur Oma, c'est vous ! Je commençais à me lasser d'observer ces gens, dit Xéénothée et montrant d'un signe de main les ivrognes qui s'abreuvaient à une table voisine. Je pense en savoir assez sur eux pour comprendre que les fréquenter n'est pas spécialement une bonne idée.

Il fit une pause, et examina Oma de la tête aux pieds.

- Je vous imaginais plus grand, mais qu'importe. Han m'a dit beaucoup de bien de vous. Vous êtes, paraît-il, un homme courageux, quoique discret et pas forcément doué au combat. Ca n'est, à mon avis, pas un problème.

Xéénothée aperçut le regard qu'Oma jeta à sa poitrine nue.

- Oh ! Aurais-je défié les lois de la pudeur ? Veuillez m'en excuser.

Il tendit la main vers son bâton, posé sur le comptoir. L'objet vola jusqu'à sa main. Il exécuta des mouvements complexes avec la main gauche, et une tunique couleur terre se matérialisa sur son torse jusque là nu.

- Et voilà ! Mais, la politesse exige-t-elle que je vous dévoile mon visage ? Je risque de vous effrayer, bien que je ne remette pas en cause votre courage. Les gens de ces contrées n'ont guère l'habitude d'yeux tels que les miens. Mais si c'est nécessaire, je vous les montrerai.

L'étrange seigneur enfila ses gants verts et sourit à Oma.

- Sortons, voulez-vous ? L'odeur de ce bouge commence à m'écoeurer, et je pourrai répondre à toutes vos questions, dehors.

Xéénothée, de sous l'ombre de son capuchon, jeta un coup de son terrible regard vers le seigneur que Han estimait tant. Il l'avait surement pris pour un de ces excentriques qui se retrouvent propulsés à la tête d'un gouvernement. Le seigneur vêtu de vert n'était pas de cela. Son charme naturel se chargeait de le hisser vers les sommets du pouvoir, où qu'il aille. Han était le seul qui avait vu son véritable aspect, généralement si terrifiant pour un des habitants de ce plan qu'il ne pouvait même plus prendre ses jambes à son cou. Mais Han avait été intéressé par Xéénothée. Et ce dernier espérait que le seigneur d'Enithar n'avait pas tout raconté à cet homme aux maigres pouvoirs.
Il ne voulait pas qu'un simple mortel reçoive les secrets d'Omorphékoorèh avant qu'il ne l'ait soumis à l'Epreuve.
Bientôt, ce dénommé Oma la passerait, qu'il le veuille ou non.


- Excusez moi, très cher. Ma tête était ailleurs, dit-il au vénérable de Sentya avec un charmant sourire. Allons, ne soyez pas timide avec moi. Sortons.

Xéénothée sortit de la taverne, et attendit Oma à l'extérieur, impatient de voir s'il était digne de sa confiance.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeVen 25 Déc - 17:59

Pensif, le "très cher de Xéénothée", resta un instant à contempler l'alcool de son verre. Même si les paroles qu'on lui avait adressé par saccade étaient des plus simples, et pour la plupart, une politesse débordante, la méfiance certaine était de mise. Et pour cause, il était aussi question de rester fidèle à l'aimable organisation du Calice. A contrario, une autre fidélité relevant de la folie funeste qui porte le nom d'Han, caressait d'une manière adultère les obligeances d'Oma. De ce fait, en ressortait un grand trouble; un tant soit peu influencé par l'impudeur musclée de l'autre bon vivant.
D'un coup de poignet, il bu le fond d'eau vital et se leva déterminé, d'un pas qui n'était pas le sien.
Comme invoquée, il appela la stoïque attitude prêtée depuis sa tendre enfance dans des lectures trop antiques. Cet état, il le laissait le prendre tout entier pour effacer, ou du moins étouffer, ses habitudes cachées de liberté, de manière opportuniste au temps de décisions trop fâcheuses. Mêlé tout de même à cela, une curieuse détente qui pourrait en faire dire beaucoup à un interlocuteur s'y adonnant.
Parcourant la salle, traversant les fumets ivres du bar où s'affaissait toujours les sénateurs; quoique maintenant endormis; il se dirigea par la porte tenue habilement d'une main froide par Xéénothée. Personnage souriant, il ne demandait, qu'en apparence seulement, la compassion et la sympathie; et ces charmes qu'il conçoit naturels ne briseraient pas la bulle opaque que le Calice a depuis longtemps forgée dans l'or, il le voulait du moins.
La porte franchie, une différence de taille s'afficha entre les deux hommes, marchant dans la rue aux coupes-gorges. Il faisait nuit, certes, mais il ne pleuvait plus; seuls restait le sifflement de l'eau des ruisseaux s'écoulant d'égouts en égouts formés dans les pavés de la ville.

D'un ton impétueux et qu'on entend débonnaire, Oma commença d'une vive voix :


- Tout d'abord, entendez moi bien, je ne peux rien vous adressez, ni vous promettre tant que je ne sais le pourquoi de ma venue. Voyez alors là un simple intérêt que je vous porte; aussi je vous demande de m'éclaircir, sans rien dissimuler, avec une franche désinvolture, sur vos projets, que je pense néanmoins amicaux et sensibles.

Tout en se prononçant, une main délicate s'était apposée sur l'épaule forte de Xéénothée.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeSam 26 Déc - 14:56

- Tout d'abord, entendez moi bien, je ne peux rien vous adressez, ni vous promettre tant que je ne sais le pourquoi de ma venue. Voyez alors là un simple intérêt que je vous porte; aussi je vous demande de m'éclaircir, sans rien dissimuler, avec une franche désinvolture, sur vos projets, que je pense néanmoins amicaux et sensibles.

- Ah ! Vous allez droit au but. J'aime ça, et rares sont les êtres qui osent le faire.

Xéénothée rit doucement.

- Je ne suis pas ici pour parler du Calice, ni de ses querelles avec Enithar. Je ne suis pas là non plus en tant qu'ambassadeur de l'Union des Citoyens. En fait, je suis là justement parce que vous éveillez en moi le plus vif des intérêts. Nous sommes donc mutuellement intéressés, l'un par l'autre. Je suis un observateur, sire Oma. Pas un espion, non, mais plutôt un intéressé de toutes les choses qui peuplent ces terres, et qui me sont étrangères. Or, tout m'est étranger en Kalamaï.
Les choses n'ont pas été faciles à mon arrivée. On aurait surement voulu me tuer si le seigneur Han ne m'avait pas recueilli. On me prenait pour un Infernal, ce que je suis techniquement, puisque je viens d'un autre plan de réalité.


L'étrange seigneur prit une bouffée de l'air putride de la rue.

- J'ai pourtant forme humaine, me direz-vous. Eh bien oui, j'ai forme humaine, mais depuis peu. Si vous voulez voir ma véritable enveloppe, il faudra d'abord que nous ne soyons pas en public. Le gens ont généralement des réactions violentes lorsque je me montre réellement. Cependant, j'ai l'impression que vous n'êtes pas de ceux-là. Me trompe-je ?
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeDim 27 Déc - 1:35

Certain de l'effet produit; la discussion se poursuivit en intime sincérité. Durant un instant, on entendit seulement les pas des deux complices dans la tonalité d'un accordéon, attisant à la joie de filles du port. Sous un lampion à la lumière discrète, ils s'arrêtèrent, un sourire aux lèvres, d'une pointe de curiosité, sans remarquer les anodins papillons poussiéreux dansant autour de la seule bougie de la rue.
Se retournant vers le compagnon de ce soir, s'affichant devant lui, il passa une main sur l'âcre mur de l'étroite allée pour le nettoyer de rien. Le regard posé sur les poudreuses miettes du plâtre, il parla d'une voix où se percevait facilement les rieuses rides au visage :


- Écoutez; Xéénothée. Je suis.... bien flatté; je vous remercie de notre entente spontanée au franc-parler. C'est pourquoi, je vous le dis, il m'importe peu votre nature physique, car je commence à connaître la seule surface bienheureuse de votre esprit. Cependant, j'ai l'intuition instinctive que cela ait son importance pour des évènements qui vont nous suivre; évènements que vous ne m'avez point fait partages.
Soit ! Même si les attraits physiques bienfaits de votre impudeur peuvent faire place à une "violente" censure de beauté de corps étranger, je reste curieux et intéressé; sachant que la spiritualité est une chose tout autre, peu importe l'habit qui vous est utile.


Regardant à présent le visage effacé sous l'ombre, il céda le passage d'une main prêtant à la révérence, toujours accompagné d'un sourire qui en disait long :

- Je vous laisse, tout entier, maître. Vous devez bien, alors, avoir l'idée d'un lieu propice à votre intime.... dévoilement. Passez devant; je vous suis.


Une sourde pluie se mit à tomber sur la ville. Deux ennemis de sang, un citoyen solidaire et un défenseur du luxueux calice, se mêlaient à un certain libertinage spirituel, qui n'en appelait absolument pas à la brutalité.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeSam 2 Jan - 17:00

- Il n'y a dans le dévoilement de ma véritable enveloppe aucune intimité que ce soit. Je pensais plutôt à l'effet que cela porterait à votre réputation. La présence d'un être assez semblabe aux disciples du Catégorien en votre compagnie pourrait mettre en danger votre vie, quoique, sans vouloir me vanter, je pense que vous ne risquez absolument rien avec moi.

Xéénothée fit mine de réfléchir, puis reprit.

- Je peux vous montrer ici et maintenant mes yeux, et, si vous vous en sentez capable, vous pourrez voir ensuite mon véritable corps, et non cette enveloppe humanoïde qui me répugne, mais qui est nécessaire à mon intégration.

Au fur et à mesure de son discours, Xéénothée observait de son terrible regard le visage du seigneur Oma. Il y décela principalement de l'intérêt, pas le même que celui de Han, qui pensait plutôt que Xéénothée pouvait lui être utile, mais un intérêt franc et honnête, tel celui d'un ami. Il y avait aussi de l'inquiétude, mais Xéénothée n'aurait pu dire si il en était la cause. Qu'il était fâcheux d'avoir perdu ses pouvoirs ! Le seigneur vert e était fort marri. En effet, avec la moitié de sa puissance magique habituelle, il aurait pu être un dieu vivant, ici.

Il commençait à trouver Oma digne de confiance, si ce n'est de respect. En effet, le seigneur de Sentya ne laissait paraître nulle peur, et n'était pas avec lui car mu par une fascination horrifiée. Han avait eu raison d'estimer cet homme, il était véritablement hors du commun.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeSam 2 Jan - 19:23

[Hé bé, joyeux joyeux le RP. Si ça continue comme ça je vais faire passer une bande de lutins ivres accompagnés de donzelles peu farouches pour vous dérider tout ça Wink]
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeDim 3 Jan - 1:39

[Beh, Koveras, il n'y a point de tristesse dans notre histoire, au contraire, je trouve; je m'amuse, moi, à y jouer un certain jeu sur la forme mais contraire sur le fond. Oma est bien étrange; et cela lui va bien je trouve. Tous les RP ne peuvent donc pas être la décadence prononcée par ton ivresse, mon cher. Encore une fois, à cause moi et de mon écriture : comprendra qui veut ! Wink ]

Jouant à l'inquiétude, Oma passa sur son visage, quoique brièvement, l'expression de la prudence et de la mesure des paroles du bienfaiteur compagnon de la soirée. Il raviva vite son regard de l'intérêt porté à l'échange social que cette rencontre commençait à prendre. Il est vrai, rien de franchement utile et important ne l'avait amené et accompagné jusque là; pourtant l'idée de se détendre fraichement, s'égarer des habituelles convenances du travail et de l'ennui le motivait à se laisser faire à ces futilités, qui n'en sont pas, relationnelles et entrainantes. C'est alors qu'il accepta de se donner entièrement au lien qui se tissait rapidement au sein de cette rue, de cette taverne; quoi qu'il en advienne de la réputation, car son coté sombre a toujours été obscurcie avec réussite aux yeux de la bienséance.

- Eh bien, ce serait avec plaisir que j'aimerai vous voir dévoiler, à moi, votre véritable enveloppe. Car, d'une part, je soutiens à dire que ce n'est pas sans intime amitié que l'on puisse se montrer vrai. Et , d'une autre part, j'ai le souhait de vous connaître plus profondément car, comme vous avez pu le dire, je porte un intérêt, tout comme vous, à autrui qui se tient là, devant moi.

D'un certain sourire, il s'arrêta dans son discours, pour reprendre de plus belle, avec un ton physique de mécontentement inconfortable, levant les yeux au ciel déjà bien noircie d'orage :


- Enfin bon, Xéénothée; je crois qu'il faille trouver un abri plus sûr, à l'abri des regards et du mauvais temps. Je vous propose, sans pensée qui pourrait vous incommoder, l'endroit du tête à tête d'une taverne, ou du moins d'une maison d'hôte : que pensez vous de se retrouver en discussion dans une chambre ? Je crains que le temps actuel ne dure bien longtemps, et la tardive nuit commence réellement à peser. Nous y serons bien plus aise pour échanger, et continuer plus en vis-à-vis. Qu'en dites-vous ?


Les goutes tombées de la plus sombre lune céleste, quoique illuminée jaunie et pleine, coulèrent une par une sans discontinuer sur le visage lisse, tissé du sérieux par le jeune "sieur Oma".
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Han/Xéénothée

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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeDim 3 Jan - 15:07

[Euh, Koveras ? Xéénothée à tendance à mal réagir en présence de lutins ivres. Disons qu'une boule de feu pourrais raser l'intégralité de Kalamaï si jamais un lutin vient lui fourrer une bouteille de champagne dans les narines en rigolant.]

- Une chambre ? Ca ne sera guère suffisant. Je suis plutôt imposant. Ne connaissez vous donc pas un salon désert, avec un bien haut plafond ?

Xéénothée sourit.

- Mais tout d'abord, mes yeux. Etes-vous prêt ? demanda-t-il.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeDim 3 Jan - 17:22

Un peu déçu, mais n'en laissant rien paraître, le jeune Oma se laissa gagner par la redoublante proposition que Xéénothée voulait à tout prix faire gagner pour une raison encore inconnue. Soit ! se dit-il, puisqu'il en veut tellement, qu'il le fasse, ça ne peut pas être si horrible au point d'en venir à un ridicule terrifié. On en a vu d'autre mon gaillard.

- Comme vous voudrez; montrez moi donc ces yeux qui font tant de légendes depuis quelque minutes.

Il se posa alors, bras croisés, appréhendant, ne pensant plus qu'à l'instant, le reste du visage étincelé par quelques regards.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeDim 3 Jan - 17:53

- Bon courage, mon ami.

Xéénothée souleva son vert capuchon. Une violent lumière éblouit le seigneur Oma. Lorsqu'elle se fut apaisée, il découvrit un regard où il se sentit sombrer. Il regardait l'infini dans les yeux. Toutes les couleurs se mêlaient dans les iris de l'Etranger, et ses pupilles étaient d'un noir si profond qu'Oma se sentit chuter dans le vide. Il ressentit désespoir, joie, euphorie, tristesse, culpabilité, confiance, pitié, terreur, compassion, faiblesse, et surtout de l'impuissance face à ces yeux qui inspiraient la folie aux plus sensés des hommes. Xéénothée rabattit sa capuche sur le haut de son visage, mais son regard resta gravée sur la rétine du seigneur de Sentya, tel l'incarnation de la puissance elle-même.

- Alors, sire, voulez-vous toujours voir mon corps ? demanda gravement Xéénothée.
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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeLun 4 Jan - 3:16

Après ce fabuleux artifice d'éclatants orgueils, Oma, il est vrai, se voyait tout chamboulé par l'immense beauté qui lui apparaissait. Une poignée de sentiments, d'exquises nuances de ressenti, des animosités orageuses, du poète éperdu, il était passé par tout. Pénétré de tout son être d'un halo de flamboyantes vitalités, mais aussi de sombre néants. L'instinct animal réapparu, tout suffoquant par les grands bras de la Culture, pendant un instant de sa vie éternelle. Elle lui paraissait ainsi, en tout cas, les quelques minutes qui suivirent la voix grave et monstrueuse du géant vert. Quelle embrassade ! Quel évènement sublime ! Connaître tout, le projet d'un homme qui se dit Homme ! Ce projet résigné impossible par la faible intensité des lampadaires de nos villes. Seul encore, au parvis d'une cathédrale, du haut de ses tours de vitraux aux milles couleurs, peuvent projeter l'impression de puissance sentimentale, à l'attente de Dieu.
Mais non, c'était là, dans une rue aux deux murs de charbon rêche, au silence gênant, sur l'enfant éblouis face à l'haricot magique. Triste sort, que de revivre, n'est-ce que les secondes qui arrivent, dans l'avarice de sentiments, dénués d'importance. Quelle névrose !
Au point culminant, là, de la retrouvaille d'une réalité trop dure, il est épris d'une folie toute faite, toute importée ! Choc des organes, chamboulement de la conscience et d'un Inconscient, aimante agressivité, cupide générosité, il aurait voulu lui sauter à la gorge. Boire toute son essence, aspirer à la dévoration de son être, regarder encore l'iris si belle, l'embraser de ses lèvres, plaquer au mur d'une fureur sans lendemain, tuer par amour colérique dans la fusion totale et réciproque !
On en aura rien vu, pas même su son visage, les pulsions manifestement étouffées très vite par les coussins de la Civilisation. Ce serait, bien évidemment, peu adapté. On revint rapidement à la sagesse lumineuse. On en a connu d'autres, on les connais ces sentiments, tous déjà vécus. Mais c'est comme une pomme : élevée avec des milliers d'autres pommes, dans des bâtiments tout fait pour cette entreprise, trimbalée de long en large pour le peuple, ça a moins de puissance savoureuse qu'un pomme intime, cueillie, encore fraiche...
C'est alors que, retrouvant les papillons de nuit virevoltants au-dessus d'eux, la pluie sourde s'écoulant sur son visage aux joues maintenant froides, il dit en quelques mots :

- Pourquoi pas ?!....
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Han/Xéénothée

Han/Xéénothée


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MessageSujet: Re: Inconnu en ville   Inconnu en ville Icon_minitimeDim 17 Jan - 12:01

Stupéfait face à la réction d'Oma, qui, semblait-il, frisait l'impassibilité, Xéénothée décela cependant dans ses yeux une lueur aussi étrange que celle de ses propres yeux. Quel homme mystérieux que celui qu'il avait en face de lui. Et il voulait voir son corps. Il le méritait amplement, semblait-il.

- Alors regardez moi, dit-il avec un soupçon quasiment indécelable d'admiration dans la voix.

Le corps de Xéénothée disparut dans une explosion silencieuse de lumière. Peut-être n'était-elle pas silencieuse, mais elle occupait tant et tant la vue que les autres sens en étaient réduits à néant. Des spectres de couleurs tournoyèrent autour de Xéénothée, tels de gigantesques et magnifiques colibris, battant de leurs ailes aux reflets changeant. Puis une onde de choc plus mentale que physique fit perdre toute notion de temps et d'espace à Oma. Il oublia tout, absolument tout, jusqu'à son propre nom. Son esprit se focalisa sur la manifestation merveilleuse qui se déroulait devant lui. Et cet esprit aurait même quitté le corps de son homme pour peu que c'eût été possible, tant cette fureur, cette vie qui émanait de la couleur fascinait et attirait à elle tout ce qui la percevait. Puis l'intense et merveilleuse lumière disparut, pour laisser place à un être haut d'une dizaine de pieds. Ses yeux étaient les mêmes que sous son état humanoïde, bien qu'ils fussent à présent plus grands, et leur pupille plus sombre. L'être ne portait plus aucun vêtement et dévoilait sa peau couleur d'ébène. Quatre bras d'une musculature impressionante jaillissait de son tronc pareillement fort. Au bout de ses bras se trouvaient de larges mains aux longs doigts ni fins, ni épais. Alors qu'Oma regardait se spectacle fascinant, des bribes de sa conscience lui revenait, conférant un sentiment de joie quand à la quantité de chose qu'il apprenait de nouveau. Cette joie se mua en une émotion profonde et implacable, qui satisfit tous les membres, tous les organes, toute la conscience même du seigneur Oma, qui sentit une vigueur nouvelle affluer dans chacun de ses muscles, son esprit s'aguiser et ses sens s'exacerber. Puis les ailes de Xéénothée se déployèrent. Elles étaient telles celles des célestiaux, avec de grandes plumes qui se hérissait lors de leur déploiement, mais noires, d'un noir de jais si fort et si profond qu'il absorbait toute lumière s'en approchant. Si bien que les ailes paraissaient encore plus immenses qu'elles ne l'étaient réellement.

Une seconde s'était à peine écoulée que Xéénothée reprit sa forme humanoïde, nu, sans manifestation lumineuse d'aucune sorte. Il matérialisa bien vite ses vêtements verts cependant, avant que le seigneur Oma ne sorte de sa torpeur émerveillée. Puis il rabattit son capuchon sur ses yeux et son crâne blanc et chauve.


- Il ne m'est guère possible de vous le montrer plus longtemps, sire Oma, je regrette.
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