Une visite inattendue

La lune éclaire Cérune. Tom, un bourgeois rentrant tardivement chez lui, aperçoit une ombre qui passe rapidement devant l'astre nocturne. Une ombre qui, loin de le mettre en confiance, lui hérisse les poils de dos. Il presse le pas. Puis une voix, sans aucune animosité, presque, même, amusée, lui parvient des airs, manquant de le faire défaillir d'effroi :
- Ola, bourgeois ! Sais-tu où réside le seigneur Oma, serviteur du Calice ? Réponds ou tu vas sentir une méchante morsure t'arracher le bras.
L'homme terrifié indique une direction de son index. Il entend un faible "Merci", puis un fort battement d'aile. Puis, plus rien. Alors Tom décide qu'il est temps de s'évanouir.

Han d'Enithar, qui se sait en terre hostile à Cérune, rit pourtant sur le dos de son dragon squelette favori : Komeluazzo (dit Koko). Mais la nécessité l'appelle ici. Un vieil ami doit être informé d'un grave évènement. Plus grave même que Séluée. Enfin, à peu près de la même gravité.

Koko atterit doucement dans la cour du château de Cérune. Han lui fait signe de partir, pendant qu'il rend visite à son ancien compagnon. Le seigneur d'Enithar neutralise les gardes à l'aide de sortilèges et entre dans le castel. Il marche jusqu'à la chambre du Vénérable de Sentya, qu'il trouve grâce à un autre sort de sa conception. Il dématérialise la porte et entre en silence. Oma est endormi. Han pose ses mains sur ses tempes et lui délivre ce message :

"Oma,
Tu m'as trahi et abandonné, mais je t'en pardonne. J'ai été atteint d'un maléfice terrible : je vieillis dix fois plus vite qu'un simple humain. Ma vie touche à sa fin. Je n'en ai plus que pour quatre jours, tout au plus. Voilà pourquoi je serai bref. Dans mes dernières expériences nécromantiques, j'ai ouvert une porte vers un autre plan. De ce plan, j'ai ramené un être étrange, qui ressemble à un des fidèles du Catégorien. Il dit s'appeler Xéénothée. Ses capacités physiques sont impressionantes, et son intelligence bien supérieures à celles des hommes. Peux-tu, lorsque je serai mort, le surveiller ? Ses agissements sont étranges, mais je l'ai désigné comme héritier, étant donné qu'il est le plus méritant de mes sujets. Cependant, je ne veux pas qu'Enithar chute dans le chaos, c'est pourquoi j'aimerai que tu surveilles ses actions, et que tu le rappelles à l'ordre si nécessaire. Souviens-toi toutefois qu'il est très puissant, et qu'il maîtrise parfaitement sa force. C'est le dernier service que je te demande, mon ami. Adieu"

Han se relève et redescend jusque dans la cour. Cependant, les gardes neutralisés sont allés chercher des renforts, et sont revenus.
Il va falloir se battre pour partir.

Han envoya un rayon de Garlox au garde en tête du groupe puis siffla Komeluazzo, qui faucha une autre rangée. Les survivants chargèrent le vieux nécromants, qui sauta sur la colonne vertébrale de Koko, et décolla.

Ainsi fut la dernière expédition de Han en Cérune.



Tiré des archives du royaume d'Ormophékoorèh.

He,.... Heee !

Une voix familière lui agaçait les oreilles. Quel mal de crâne ! ça criait de partout; le bois grinçait de par ses lambeaux, les rideaux continuaient sensiblement à crépiter de petites cendres fumantes, les gardes s'activaient comme les ouvrières d'une fourmilière, et enfin, c'était la voix du proche Koveras qui lui donnait des envies de gifle.
On lui expliqua la situation; un inconnu, visiblement, a tout dévasté. Pas la peine de le crier, ça, on l'aurait remarqué trop aisément.
Alors l'on commença la parade de la servitude. "Par ici sieur Oma", "Vous n'êtes pas blessé ?", "Mon dieu, vous êtes vivant !"
Si on avait voulu le tuer, ça aurait été déjà fait. D'après les rapports, c'était un chevalier monté d'un dragon qui a fait tout ce tintamarre. Quelle gueule de bois ! Enflammé. Tout a fait, on a brulé ce visage de bois. C'est pas évident, il faut des heures pour que le crâne se remette de cette nuit. C'est pourquoi on occultera les quelques heures passées d'Oma, les idées en jus de cervelas, assis sur le lit un peu flambé, car il n'en reviendrai rien. Du même coup, on a pas lésiné sur les moyens pour réveiller le peuso secrétaire du dictat' de Galathorn; faut avouer que ce dernier tient à lui. Un mort de plus reste muet en ces murs de catacombes, mais c'est différent lorsque ce mort assurait 1000 autres cadavres sur les listes de "personnes attentant à la sécurité des citoyens de Galathorn"; l'économie chuterait de la même manière que la population à assister décuplerait de par sa survie momentanée. Soit, on le réveille !
C'est quelque peu sonné, qu'Oma revient à ses esprits, sur un lit inconnu, seul. On l'a mis là, le temps de trouver autre chose que les quartiers des domestiques.

En réalité, les semaines passent, rapidement. On passe sous silence ce dragon. On parle d'un attentat terroriste. Ils préfèrent. Pourtant, c'est au bout de deux semaines que certains concepts inconnues tombent, s'imposant comme des pensées d'Oma, une sorte de mémoire floutée de rêve, peut-être refoulés il y a longtemps. Des pensées abstraites d'excuse, d'aide, de secours. Ces absurdités lui viennent aux coins des rues, aux réunions somnolentes, en haut d'une échelle de bibliothèque au glissement des yeux sur une archive de L'Enithar.
Mais bien sur ! Han... ça ressurgit tel un souffle dévorateur. Ah, les petits souvenirs propre aux deux hommes. Les discussions vagues, ambiguës, la pluie, le bouclier, le rapprochement. Comment ne pas avouer l'évidente nécessité de la mémoire ! C'est fou, étouffant que ces mortes pensées qui renaissent. Ces sentiments, amitiés noyés dans le fond du verre d'eau de l'oubli. ça a pourtant des avantages l'alcool, l'ivresse. Mais il se dit qu'il ne doit pas commencer à divaguer, extravaguer, s'emporter sur un autre sujet que la concentration.

4 jours, c'est bien trop tard... Il est mort... Mort.... c'est inaccessible. Perdu dans l'éternel vide... plus que vide... rien du tout. Noir, inexistant, sans rien, néant. Tout a fait, sans vie, sans pensées, sans sensations, sans aucunes à partir de maintenant... Mais pourquoi ? Pourquoi de cette manière est-il venu le dévasté, de ses derniers jours ?! Une dernière rencontre... impossible. C'est du passé.

'Faut se pencher sur ce Xéénothée dorénavant. Il fait peur à première vue, c'est pas rassurant. Il est pas fait pour ça l'archiviste de Galathorn ! M'enfin bon, par fidélité, il se décide. Par amour tout autre, car faut le dire, il lui manque maintenant que l'autre dévore les pissenlits par la racine. C'est ridicule, mais qu'est ce qui ne l'est pas se dit-il. Alors il passe son temps libre à ne plus fabriquer les mandats de perquisition de corps "attentant à la sécurité"; au contraire, il recherche un autre corps au nom de la vie durant plusieurs jours, clandestinement. C'est pas simple de trouver un nouveau venu, une sorte de robuste et imposant être de toute son armature naturelle.

Bien heureusement, un elfe vient le voir un soir. De sa démarche assurée, d'une droiture de taille élancée, il se présente ridiculement par ses oreilles trop visibles, tenant dans la main féminine aux ongles aiguisés, un papier jauni parfumé de bière et de fumets pipés. Malgré le certain chiffonnement dans la fine paume arquée, on parvient à lire des mots d'une écriture bien faite :

Citation :

Sire Oma de Sen.....,
La mi.....e de mon pré.......sseur vous a surement parlé de ...oi.
Retrouvez moi à l'....berge du "Capuchon Vert", car j'ai fort envie de ren.....trer un homme tel que vous, dont Han a tant fait ....loge vers ses derniers jours.

Puissiez vous ...pondre promptement,

Xéénothée, seigneur d'Omorphekoorèh (anciennement Enithar).

Hélas, il pleuvait... L'encre avait coulé.

HRP : Euh, Oma, c'est à un elfe que j'ai demandé de t'apporter le message
EDIT : C'est vrai que la description est pas mal.

Citation :

Bien heureusement, un nain vient le voir un soir. De sa démarche chancelante du fait de ses poids inégaux, il se présente difforme, tenant dans la main potelée de petits boudins, un papier jauni parfumé de bière et de fumets pipés.

Elle est sauvergardée, comme ça

HRP : Et voilà ! Je n'ai pas mis très longtemps à changer seulement de vocabulaire. Vu que je me suis consacré longtemps à l'autre texte, j'ai pas cherché.